A peine rentré de mon dernier trackday à Mettet avec Bertha 2 le 6 septembre dernier, mon beau frêre me chauffe gentiment pour qu’on s’y retrouve le 22…
Pourquoi pas finalement ? La météo semble s’annoncer encore valable, et il y a encore tant de choses à découvrir sur mon nouveau joujou, Bertha 2 (S1000RR 2018) !
Vite, inscription en ligne et….
HO NOOOOOOO ! Sold Out !
Mise sur liste d’attente, j’attends… j’attends… et ne voit rien venir. Je me fais une raison, pas mon équipier du jour qui ni une ni deux téléphone à Stéphane Mertens pour le pousser gentiment ! Est-ce que cela a marché ? Toujours est-il que moins de 40 minutes plus tard, (on était le 21 en tout doucement en fin d’après-midi) Stéphane Mertens me téléphone en me disant qu’il a un pilote qui n’a toujours pas payé sa réservation, et comme ma cagnotte est créditée il décide me céder la place…
YESSSSSS !!!!
Nous voilà donc mon beau-frère (que je remercie encore !) et moi au briefing de sécurité du matin, et voilà que les moniteurs annoncent aux pilotes des groupes débutants et intermédiaires de ne pas s’étonner de voir des Honda « test » rouler dans leurs groupes respectifs. En effet la marque permettait à ceux qui avaient réservé à l’avance de tester ni plus ni moins que la dernière CBR 1000 RR R ou la CB 1000 R (2 exemplaires de chaque à l’essai) !
La journée se passe, moi me concentrant sur l’amélioration du pilotage de la BM avec laquelle je n’avais jusqu’ici fait qu’un seul trackday.
Après mon troisième run du matin (groupe expert), me sentant déjà piquer du nez de fatigue, je décide de faire un petit tour dans le paddock et d’aller voir cette fameuse Fireblade 2021 que je n’avais jamais vu de près. Arrivé sous la structure gonflable estampillée Honda, je les vois directement toutes les 2, l’une rouge vif et l’autre noire, qui attendent sagement le prochain run du groupe intermédiaire (on en était à ce moment au groupe confirmé, entre les experts et les intermédiaires).
Je discute un peu avec les représentants de la marque, je demande à m’assoir sur l’engin… C’est beau, surtout avec son poly piste et sa ligne Akra titane…
Et là, tentant le tout pour le tout (on ne sait jamais, sur un malentendu), je sors un beaux « tiens, j’ai entendu que vous faites des essais »… Et le commercial de répondre « oui, intéressé ? »
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« Non peut-être ! »...
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« Ben ça tombe bien, le pilote qui a réservé la prochaine session ne s’est toujours pas manifesté et nous ne parvenons pas à le joindre »…
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« WHAT ??? Et quoi, je pourrais prendre sa place ? Comment fait-on, quelle est la caution ? De quel document avez-vous besoin ? »…
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« Bah, la moto est là pour rouler, on ne va pas la laisser garée dans le paddock, hein… Si vous avez déjà roulé ici aujourd’hui, c’est bon comme ça… Vous avez suivi le briefing de sécurité et signé un abandon de recours, vous me donnez juste un nom et un prénom et c’est bon ainsi ! »
Ça y est, je rêve… Le gars ne me connait ni d’Adam ni d’Eve, et il me refile une CBR 1000 RR R toute neuve et 20 minutes sur un circuit que je connais comme ma poche pour tordre la poignée…
Bon ben reste tout juste 5 minutes avant le run, et le couillon qui a réservé n’est toujours pas là… Hop, je file prendre mon casque et mes gants (et malheureusement je n’ai pas pensé à prendre la GoPro). Et en avant pour le comparo S1000RR 2018 / CBR 1000 RR R 2021 !
J’enfourche la bête… contact, c’est parti
Première impression : « whouaw, c’est vachement compact ! » Mais c’est aussi une Honda, on s’y sent directement comme à la maison…
La moto est paramétrée « race », mais je découvrirai assez vite que l’électronique est réglée au plus intrusif. Ben oui, vu que n’importe qui pouvait s’inscrire à la condition d’avoir un permis (je présume), toutes les aides à la conduite ont été mises au maximuim.
Et là j’en viens à ma deuxième impression : qu’est-ce que c’est castrateur ! L’antiwheeling tolère le décollage de la roue avant de qques cm (quand la BM la laisse au sol avec un réglage neutre), mais la moindre sortie de virage se solde par un arrêt assez brutal, du moins très sensible, dans la prise de tour du moteur… On passe l’appex, on tourne la poignée de gaz, elle commence à prendre ses tours et là d’un coup tout s’arrête ! On vient de planter une ancre dans le bitume et le moteur est littéralement castré. Pour ça, la BM est bien plus subtile ! Je ne sens pas l’intervention de mon antipatinage, j’en prend conscience quand je vois mon tableau de bord devenir un sapin de Noël qui clignote dans tous les sens. Ici, sur la Honda, ça coupe franchement.
Troisième enseignement : qu’est-ce que ce moteur est creux… C’est bien simple, sous 8000 t/min la moto est anémique… En comparaison la BM est un vrai cheval de trait qui ressort beaucoup beaucoup plus fort dès 4000 t/min !
Avec qques tours pour comprendre la logique de la moto, j’ai tenté une autre approche : partout avec un à deux rapports de moins que ma BM (elle aussi en démultiplication d’origine). Et là… là c’est le festival des envolées lyriques ! On reste entre 8 et 14000 t/min, et le moteur aime ça… ça semble même plus naturel que sur la BM d’ailleurs. Le moteur a moins d’inertie et prend des tours avec une facilité déconcertante. Les virages serrés que je prends en 2
ème ou 3
ème avec la BM doivent être pris en 1
ère sur la Honda, mais rentrer 3 voire même 4 rapports d’un seul coup sur un gros freinage ne pose aucun souci, le moteur miaule de plaisir et en redemande !
Et de manière surprenante, cette conduite fait beaucoup moins intervenir le traction control en sortie de virage et se révèle alors bien plus efficace (avec ces réglages imposés)…
Pour le reste, niveau partie cycle… Que dire ? Juste que c’est une Honda ! Tout est facile, tout tombe sous la main, la moto est hyper intuitive. A noter que la Honda est plus « dure » et directe que ma BM, mais plus facile à emmener en virage, sans pour autant perdre en stabilité. Sans doute que le carénage et la selle d’origine de la BM et un setting suspension globalement plus souple la rende plus pataude… D’ailleurs, directement après l’essai de la Honda, j’ai remis 2 « crans de dureté » dans mes suspates BM et j’ai directement gagné près d’une seconde pleine au tour.
Toutes les bonnes choses ayant malheureusement une fin, il m’a bien fallu retourner la moto à la fin du run. J’ai vraiment apprécié la machine car elle représente un bon (très) significatif de performances par rapport à mon ancienne CBR 2008 tout en restant très Honda dans son comportement. Oui, le moteur est franchement creux en bas, mais une fois assimilé cette caractéristique, son pilotage « tout en haut » est un régal par sa facilité et la musicalité du moteur. J’aurais vraiment aimé pouvoir diminuer les niveaux de contrôle électronique, bien trop castrateur, pour voir ce qu’il en aurait été plus près des limites et voir si la BM a encore de beaux restes à faire valoir avec sa stabilité impériale et son moteur plus camionesque.
Alors merci monsieur Honda, et si jamais papa Noël me lit sur ce forum, je trouverais très sympa de pouvoir approfondir le comparatif dans la durée… En poussant un peu les murs, il y aurait bien de la place pour une deuxième pistarde dans mon garage, non ?